Présentation :
Des linguistes et des didacticiens affirment que les usagers d’une langue combinent librement les mots pour communiquer et pour exprimer des idées. Pourtant, les corpus et les dictionnaires nous permettent d’une part, d’observer que ce n’est pas toujours le cas et, d’autre part, d’identifier de nouvelles associations de mots à partir des corpus qui ne sont pas répertoriés dans l’ensemble des ouvrages lexicographiques (...). En effet, certaines unités lexicales présentent des liens privilégiés avec d’autres unités lexicales spécifiques. Par exemple, pour exprimer « personne qui analyse », nous pouvons employer le verbe analyser. Mais pour signifier « la façon dont cette personne analyse un fait ou un phénomène quelconque », le verbe analysernous impose des contraintes de sélection parmi un nombre restreint d’unités lexicales : analyser froidement, analyser longuement, analyser méthodiquement, etc. Il est de même pour exprimer l’intensitéauprès du verbe boire : boire énormément, boire ferme, boire comme une éponge, boire comme un trou, etc. Dans le même ordre, nous notons également dormir à poings fermés, manger comme quatre, etc. Toutes ces combinaisons du type lexical sont souvent connues sous le terme de collocations.Cependant, cette notion pose problème au niveau de la reconnaissance entre les combinaisons libres et collocationnelles.
Les collocations relèvent de la combinatoire lexicale qui peut être définie comme toute association privilégiée entre une unité lexicale et une autre unité lexicale spécifique. Cette association privilégiée entre certaines unités lexicales se fait de manière spontanée « une peur... bleue », « une arrestation...musclée », « des dommages collatéraux », etc., et reste difficilement prédictible.
Ce colloque inaugural « France-Europe Centrale et Orientale »vise à fédérer les recherches en linguistique et en didactique de toutes les universités qui ont participé à des accords bilatéraux avec l’université d’Artois. Il constitue un renouveau radical par son ouverture à la fois à la linguistique, la didactique et la littérature.
Ce premier colloque tentera de répondre aux interrogations suivantes :
- Quelle serait la nature sémantique de ces types de combinaisons ?
- Quels seraient les traits sémantiques internes et externes qui interviennent dans la création des collocations ?
- Pouvons-nous parler de degré de figement à l’intérieur de la combinatoire lexicale ?
- De quelle manière mesurer le degré d’attraction lexicale du point de vue sémantique entre les différents constituants ?
- Comment intégrer l’analyse de la combinatoire lexico-sémantique aux contenus de formation en FOS/FOU ?
- En quoi les contextes professionnels et académiques interviennent-ils dans la combinatoire lexico-sémantique mise en évidence dans les discours de spécialité ?
- Peut-on interpréter ces phénomènes combinatoires à la lumière des régulations textuelles qui régissent les genres professionnels, scientifiques ou universitaires ?
- De quelle façon les auteurss’accommodent et se nourrissent-ils de ces formes prégnantes, sans les subir ? Comment les exploitent-ils tout en les tenant à distance ? Comment les partagent-ils sans s’y neutraliser ? Par quelle combinatoire inédite l’écrivain parvient-il à nous parler tout en separlant ? Quel « sens plus pur », pour reprendre Mallarmé, donnera-t-il aux « mots de la tribu » ?