Notre communication portera sur la combinatoire des noms d'émotion et des verbes supports. Comme cela a déjà été signalé, les noms concernés renvoient à des entités sémantiquement complexes (Tutin et. al. 2006). Quant aux verbes, ils peuvent être regroupés en quatre sous-classes : 1) être et avoiractualisant le sème général « état psychologique » ; 2)éprouveret ressentir, des verbes supports « génériques », actualisant les sèmes « sentiment », « émotion » ; 3) les verbes supports porteurs de dimensions aspectuelles ou intensives, et enfin, 4) les verbes sémantiquement autonomes, mais employés secondairement comme supports (Gross 1996, Gross 1998, Alonso Ramos 1998, Massoussi, Sfar 2009).
Traditionnellement, dans les constructions verbo-nominales, le verbe support est considéré comme quasiment dépourvu de sens. Dans ce cas-là, sa fonction se réduit à la « verbalisation » du procès exprimé par un nom. Nous voulons montrer que le verbe support en combinaison avec les noms d'émotion n'est pas entièrement vidé de sens, mais qu'il peut introduire un suppléant de sens en enrichissant ainsi le contenu sémantique du nom prédicatif. En conséquence, la relation entre ce dernier et le verbe sélectionné n'est pas uniquement unilatérale.
Notre étude s'inscrit dans le cadre de la phraséologie « étendue » (Legallois, Tutin 2013). Nous faisons appel aux outils méthodologiques pertinents pour la description de la combinatoire des noms d'émotion, en particulier à un ensemble des paramètres sémantiques suivants : valeur durative / inchoative / termianative / momentanée / graduelle / intensive / causative (Gross 1998, Mel'čuk 2004, Ponton 2004, Vaguer 2005, Pilecka 2010).
Bibliographie :
Alonso Ramos M. (1998), Etude sémantico-syntaxique des constructions à verbe support, Université de Montréal, Thèse de doctorat, Montréal 1998.
Gross G. (1996), Prédicats nominaux et compatibilité aspectuelle, Langages, 121, pp. 54-72.
Gross M.(1998), La fonction sémantique des verbes supports, Travaux de Linguistique, 37, pp. 25-46.
Legallois D., Tutin A. (2013), Présentation : Vers une extension du domaine de la phraséologie, Langages1/2013 (n° 189), pp. 3-25.
Massoussi T., Sfar I. (2009), Description des prédicats nominaux : de la langue générale aux langues spécialisées, Neophilologica, vol. 21 Études sémantico-syntaxiques des langues romanes, vol. 21 / 2009, pp. 62-81.
Mel'čuk I. (2004), Verbes supports sans peine. Lingvisticae Investigationes, n° 27-2/2004, pp. 203-217.
Pilecka E. (2010), Verbes intensifieurs et leur fonctionnement en français contemporain, Łask, LEKSEM.
de Pontonx, S. (2004). Les verbes supports métaphoriques. Lingvisticae Investigationes, nº 27-2, pp. 265-282.
Tutin A. et al. (2006), Esquisse de typologie des noms d'affect à partir de leurs propriétés combinatoires, Langue Française, 150, pp. 32-49.
Vaguer C. (2005), Pourquoi sombre-t-on dans le malheur ? Etude de constructions verbales « V dans N émotion» , Lidil, n° 32/2005, pp. 83-102.